lundi 10 novembre 2008

Dans la peau de John Malkovich. Ou n'importe quel autre, en fait.

Ce week-end avait lieu l'anniversaire des 150 ans de la fondation de ma fac. Oui, c'était un peu le running-gag 2008. Enfin gag. Bref. Donc après la location de Disney Sea en euh avril, j'crois, les évènements divers et variés, la visite du Prince Charles sur le campus de Mita, la cérémonie avec l'Empereur et plein de gens importants comme le dirlo de Centrale Nantes (su-per), et avant le concert de Koda Kumi (pardon à toi Jéjé) au festival de Mita, y'avait ça.

(Led) Zeppelin en live. Tous les blogs peuvent pas se le permettre.

Et ouais, ça c'est de l'artillerie lourde. Dessus, donc, le drapeau de la fac, et la mention (en jap mais lisible en agrandissant) "2008 Keio 150 ans (depuis la) fondation". Mais passons à autre chose que de vanter le prestige de notre fac qui quoi qu'on en dise vaut mieux que ces bouseux de Waseda et ces sales pédants de Tôdai.

Ambiance western. Les allées sont désertes. L'air est lourd sous la lumière éclatante. Au loin, seul le son d'un harmonica résonne, à moins que ce ne soit autre chose. Le vent soulève la poussière et les pans des manteaux. D'un grand coup viril de santiags, l'Homme avoine les portes, annonçant par la même que si le moindre freluquet ose le regarder de travers, ça va chier.

Cette scène, et même en certaines occasions les portes battantes, tout le monde les connaît par coeur. Cette sueur froide, ces regards lourds de sens, ces sourires faux-culs, on en a déjà tous fait l'expérience, en l'occurence au moins une fois par jour si vous êtes un gringo. Hé ouais, dans les toilettes publiques.

Là, là.

Yep, dans ce monde de merde, les chiottes sont un champ de bataille où seule son expérience de vieux briscard des aires d'autoroute pourra vous permettre de sauver votre peau.

Si vous êtes un mec, peut-être vous reconnaissez-vous déjà dans ces quelques lignes, à chacune de vos plongées dans ce monde impitoyable. Mais pour le lectorat féminin qui somme toute s'ennuie comme c'est pas permis parce qu'il faut encore attendre 3 semaines pour avoir le prochain "Elle", nos meilleurs reporters sont allés décortiquer ces moments d'animalité pure où la testostérone et la sauvagerie l'emportent sur l'étiquette.

Pour ne pas choquer, commençons en douceur. Il y a peu, j'ai lu un bouquin qui disait que l'homme avait conservé son esprit de chasseur, ce qui à défaut de nous faire assassiner à coups de Crocs le premier nippon venu (et Dieu sait qu'ils le méritent) au détour d'un couloir, en lui sautant dessus depuis le haut d'une étagère, vêtu d'un simple slip moche et sale et avec des tatouages ésotériques plein le corps (vous assaillez un japonais, donc n'importe quoi du moment que ça ne ressemble pas à un gribouillis suffira, comme par exemple les équations de Navier-Stokes, qui sont déjà totalement ésotériques).

Aucune bestialité ni animalité ici. En plus c'est rose. Des toilettes pour femmes, forcément. (Regardez les reflets, on lit "ladies".)

Bref donc, cet esprit guerrier nous pousse en général à vous humilier, vous, femmes, dans les courses d'orientation, à savoir faire des créneaux, mais aussi à inspecter de façon pratique les lieux visités. Repérer par exemple les entrées et sorties, histoire assez inconsciemment de toujours garder un échappatoire. Du coup, l'entrée dans les chiottes n'échappe pas à ce quadrillage analytique visant à déterminer nos chances de survie en milieu inconnu et donc forcément hostile. L'analyse des aires d'autoroutes prouvera à tout le monde et sans équivoque que c'est au moins hostile pour l'odorat.

Une femme rentrerait dans des toilettes comme celles-ci prendrait immédiatement la porte, rouge de honte, déjà, et écoeurée par tant de phéromones. Mais avant cela, elle ne remarquerait... rien. Bah oui, ça reste des toilettes quoi. Un mec, non. Le mec va se dire inconsciemment. Pas cet urinoir, pas ici non plus, là c'est crade, là j'suis trop près des lavabos, etc. Il va aussi compter le nombre de cabines occupées, écouter si les gens devant les urinoirs font du bruit ou pas (bah oui quand le gars te tourne le dos tu vois pas), etc. Il devient aware, en quelque sorte.



"The pissotière way of life"

Mais bon, tout cela n'est que la mise en bouche. En effet, comme je l'ai dit, l'ambiance du lieu est portée par plusieurs millions d'années de lutte féroce, que même avec les meilleures volontés du monde les gamins du 9-3 n'arriveront pas à égaler. Considérons le scénario "urinoir", puisque c'est finalement la seule différence avec les toilettes femmes (sauf que nous on pisse debout donc tant pis si c'est dégueu ahahahhaha).

Grand jeu : Quel urinoir choisirais-tu ? (j'ai l'impression de repasser le code tellement faut réfléchir)

L'urinoir de l'Homme doit toujours être isolé, jamais deux urinoirs côte à côte, malheureuses ! Non mais vous vous rendez pas compte ! T'aurais mis de la sauce soja sur ton riz que ce serait pas pire, oh ! Et oui, au concours de qui a la plus grosse, parce que ça se résume vachement à ça, bah le meilleur moyen de ne pas froisser son susceptible ego est encore de ne pas permettre aux voisins de reluquer votre engin et de conclure par un sourire satisfait des plus angoissants.

Parce que oui, en face d'un urinoir, il y a un mur. Ce constat implacable en implique un autre. Pendant qu'on fait pipi, fût-ce debout, bah on s'emmerde. Et quand on s'ennuie, on cherche un truc intéressant à faire. Parce que déboutonner/dézipper son jean d'un geste sûr et viril, en écartant les jambes façon cowboy, ça prend pas le temps d'un petit pissou. Et donc, regarder le plafond, ouais mais bon ça fait mal, en face c'est inintéressant mais ça vexe personne, en bas bah y'a rien à voir. Restent les côtés. Et à côté, y'a des gens qui font pipi. Donc moment gênant pour toutes les parties concernées (erm). Donc tout le monde le fait, parce qu'on reste tous des grands complexés.

Evidemment, si vous êtes un chacal, vous vous positionnerez toujours de façon à pourrir le plus d'urinoirs, juste pour le plaisir de voir les autres paquets de testostérone se diriger d'un air gêné à une distance respectable de vous, ou dans les cabines, voire mieux, attendre tranquillement que vous ayez fini. Mesdames, ne choisissez pas ces hommes-là, ce sont des faibles !

Quoi d'autre quoi d'autre ? Ah oui, évidemment, fanfaronner c'est bien, mais fanfaronner propre, c'est mieux, alors la concurrence sera évidemment d'une cruauté sans pareil pour l'imprudent qui n'aura pas arrosé que l'émail des toilettes. Après un tel exploit, à savoir en humilier, tel le petit tailleur, sept d'un coup, direction la sortie.



"The Toilet Game"

Si vous avez choisi le scénario "cabine", voici les alternatives.

Premièrement, vous êtes disons chez vous, ou chez vos parents. Ce sont des gens civilisés, tout va pour le mieux. Vous éviterez par exemple ce type d'écueils qui embarasse toujours drôlement.

Vous remarquerez le côté pas franchement "gaijin user-friendly".

Deuxièmement, vous êtes dans un pays autre. Oui, je sais, je pars du postulat complètement douteux que chez nous, c'est la civilisation, et que hors de nos frontières (qui s'arrêtent à 50km de Notre-Dame dans toutes les directions), c'est le chaos et l'anarchie totale. C'est pas pour rien que les aliens cherchent toujours à détruire les USA et pas la France. Ils ont compris que c'était une erreur de la nature. En plus ils élisent des présidents noirs même pas foutus d'être noirs pour de vrai. Au moins il sera pote avec notre nain qui s'assume pas.

Et là donc, c'est le drame. Au Japon, ça donne ça.

Oui, on dirait un urinoir, mais par terre. L'autre guignol avec son urinoir renversé n'a rien inventé.

C'est pas encore un trou dans le sol et une planche, mais bon c'est pas la fête non plus. Notez d'ailleurs la possible absence de PQ. Vous voulez savoir comment on s'en sert ?

Comme à gauche. En même temps faut être gogol pour pas s'asseoir normalement sur un siège. Ou s'appeler L.



"Vers la sortie, et au-delà"

Vous n'oubliez rien ? Les lavabos, voyons, vous pensez que c'est là pour faire joli ?
...
...
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Ca dépend, y'a des gens qui regardent... ?

15 commentaires:

Jibi a dit…

Un article de fond ! J'aime. Tu aurais aussi pu évoquer le problème relié des 5 urinoirs, comme illustration.

Quand je vois une photo de Koda Kumi, je me sens sale.

Jibi a dit…

PS : qu'est ce que tu foutais dans des toilettes pour dames ?

Harl a dit…

T'as pas plutôt voulu dire "qu'est-ce que tu foutais sur Google images à taper "toilettes" avec le filtre SafeSearch désactivé", non ?

El Desdichado a dit…

Personnellement, quand il y a trois urinoirs, je n'aime pas prendre celui du milieu, parce que si quelqu'un entre à tous les coups il va se mettre à côté de moi. Alors que si l'on se met à une extrémité, à tous les coups le nouvel entrant va se mettre à l'autre extrémité et tout va pour le mieux.

Évidemment on peut jouer la provoc en se mettant au milieu. Mais même parmi les "faibles" qui préféreront attendre plutôt que de se mettre à côté de toi, il y a des vicieux. Genre qui vont te fixer des yeux en espérant avoir un ascendant psychologique sur toi et t'empêcher de sortir la moindre goutte. Faut faire gaffe.

Bref, c'est pas simple comme problème. Il est certes trivial pour n=1 urinoir, de même que pour n=2 (par symétrie). Certains prétendent avoir résolu le problème pour n=3, et même jusqu'à n=5 il est possible de s'en sortir, en étudiant les cas séparément. Mais je crois qu'on est loin d'avoir trouvé la généralisation pour tout n...

Harl a dit…

Sans oublier qu'en conditions réelles, tu n'es pas systématiquement le premier occupant des lieux, donc les conditions initiales varient. Ca me donne envie de refaire des maths ça ^^

Steph a dit…

Classe la rangée de toilettes avec les chaussures soigneusement rangées par paire devant ;-)
Les japonais vont donc aux toilettes pied nus? Ils n'ont peur de rien, vu l'etat du sol.
Bravo en tous cas pour ce post ethnologique!!

Anonyme a dit…

La solution, je la connais, c'est les irlandais du pub de Cork le "Fred Zepellin's (on en revient au debut de ton, avoue quand meme que je suis pas mauvais) qui l'ont trouvé.

D'abord, se limiter à un urinoir. Au dela, ça pose aux hommes de complexes problèmes géopolitiques à gérer, et ça c'est pas cool. Et pour un peu qu'on soit un peu imbibé, c'est un coup à pisser contre le mur pour ne pas avoir à choisir.

Par contre, un urinoir, c'est pas cool quand t'as une vague de metalleux qui a envie de pisser (oui, le metalleux à un instinct de meute, ce qui expliqe partiellement le gout qu'ont les fans de johny pour les loups, l'autre explication étant l'envie de faire comme les vrais metalleux mais sans en être pour autant, un peu comme un élevage de clebs qui se prendrait pour des loups, le frisson de se sentir sauvage j'imagine, mais je m'égare, concluons donc que les fans de johny sont des tarlouzes et restons en là). Et donc la solution devient un urinoir, certes mais extra large. En pratique ça se présente sous la forme d'une tole pliée en u vissée le long du mur pourvu d'un trou d'évacuation et de moult pastilles à l'eucaliptus... L'avantage est de permettre le pipi fraternel (dans la meute on peut partager tous les moments importants de la vie, y compris le soulagement quasi bestial de pisser tes 5 pintes d'un trait.). L'urinoir a donc une fonction sociale. Si tu arrives face aux chiottes et qu'as un mur de dos couvert de cuir, de clous et de cheveux crasseux, soit tu prends ton courage à deux mains (enfin une, t'auras besoin de l'autre) et tu t'insères, serein, sur de toi, sans broncher aux regards inquisiteurs autant qu'animaux de la meute face à un nouvel arrivant. Auquel cas, tu es un homme, un vrai et tu mérites d'intégrer la meute. Soit tu te terres, tu regarde le carrelage du sol, tu sifflottes, en attendant que la meute se taille, ne te laissant que la carcasse exangue d'une tole grisse et puante. Et là tu acquiers la triste certitude que c'est cruel, mais t'es une tarlouse. Voila, c'est dit.

Anonyme a dit…

Harl, Matno: vous êtes des grands malades, vous savez...

Anonyme a dit…

bof, perso je suis pas si grand que ça.

Et toi, tu m'as bien l'air d'un loseur de la zigounette pour ne pas prendre le sujet plus au serieux

Harl a dit…

C'est vrai, l'urinoir unique j'avais déjà vu, dans une salle de concert justement, et pour un concert de métal, encore plus à propos.

Mais au moment où j'y suis allé j'étais tout seul, alors comme intégration à la troupe, y'a mieux. Par contre, ça donne vachement envie de gueuler qu'on est le roi du monde. On se retiendra par contre de monter dessus, sinon on risque d'avoir les pieds qui baignent et c'est pas super engageant. En plus j'suis sûr que les pastilles à l'eucalyptus ça s'incruste bien dans les semelles.

Anonyme a dit…

c'est bon quelqu'un qui vous comprends. Dans mes bras harl... euh nan, remonte ta braguette avant steuplait

Anonyme a dit…

... comme quoi, tu avais raison ! Un bon blog sur les urinoirs et l'audimat explose tandis que le compteur à "commentaires" tachycardise à fond. Nous sommes tous de grands poètes ...!

Jibi a dit…

Au passage, je me sens obligé de préciser que l'autre guignol ne prétend pas avoir inventé quoi que ce soit : après tout, "Foutain" est un ready made.

El Desdichado a dit…

Exactement, Mr Harl. Vous faites peut-être autorité en matière d'urinoirs et de pseudo-chimie, mais vos opinions sur l'art contemporain, je vous prierai de ne les utiliser qu'en suppositoires.

Anonyme a dit…

bon ben nouvelle semaine, nouveau post, non ? Va falloir etre à la hauteur maintenant !