Oyez oyez, badauds ! En ce jour de grâce de l'an deux mil et huit, le Harl a fait sa présentation de recherche, en anglais, avec un powerpoint intégralement en japonais, pour frimer mais aussi pour bosser et que les gens comprennent, et a récolté pour seuls commentaires "ton japonais est bizarre". Merci le sensei pour les remarques constructives, ça se voit pas du tout sur ma gueule que je parle pas japonais. Enfin bref. C'est fait. Je suis donc liiibre, certains disent même qu'ils m'ont vu voler. Les balances.
A part ça j'ai pu dimanche aller à une cérémonie du thé ultra-classieuse, à Kamakura, grâce aux dames du Nihongo Club. enfin, "j'ai". Je me suis vaillamment fait accompagner en ce terrible périple débutant en costard sous la pluie à 7h30 du mat' par Antoine, Sandra, et JL.
Après quelques galères comme des ampoules aux pieds au bout de 30 min, et une mamie pas foutue de pas nous paumer alors que le point de RDV est au pied du Grand Bouddha ("Daibutsu"), on a quand même pu arriver à temps pour voir la première cérémonie, qui faisait figurer l'homme au chapeau le plus moche du monde.
On n'a évidemment rien compris aux explications, aux chants d'une lenteur neurasthénique et tout le décorum, mais le grand maître du thé (ça fait loge franc-maçonnique - bref) avait la grande classe. Avec son air de mafieux sur le retour, tous ses fans qui venaient lui parler et le prendre en photo, lui qui a dragué deux minettes en kimono, on a tous été sous le charme. Et comme on est des gros privilégiés, on a pu s'entretenir avec lui, et faire une super photo souvenir.
Néanmoins on dira sur la cérémonie que ce n'est pas l'action - servir le bol de thé - qui compte, mais la préparation, tout est codifié à l'extrême, les gestes calculés et précis, chaque élément à sa place, tout est parfait... mais pas trop. L'asymétrie et l'imperfection sont privilégiées parce que plus humaines. Ou un truc du genre. Mais le souci du détail est toujours là. L'hôte doit montrer à ses invités qu'il les respecte par le souci qu'il apporte à chaque détail, etc.
A ce moment-là on a pu goûter notre premier bol de thé de la journée. On n'en était pas encore lassés. Ensuite on nous a un peu baladés à droite à gauche derrière le temple, dans la partie "Staff Only". Ce qui nous a permis de beaucoup rire, notamment en voyant des fauteuils douteux (oui, moi je préfère en rire), des gens un peu bizarres et surtout parce qu'on se sentait tellement pas à notre place. Au milieu de gens super bien sapés et probablement des hauts-responsables dans des entreprises (une ancienne directrice des programmes de NHK notamment) ou je sais pas quoi, nous autres laborantins nous sentions un poil déplacés. Enfin bon, à partir du moment où l'un de nous a failli faire des oreilles de lapin au mec qui fait le thé de l'Empereur, bon, je pense qu'on est foutus.
Après ça donc, un petit gâteau et une autre cérémonie, un repas sympa sans plus, avec toujours du thé (2 verres), puis un verre dans le jardin, une autre cérémonie, puis 2 verres pendant le "pot de départ" où nous avons entre autres été présentés à l'homme au chapeau laid mentionné plus haut. Soit 8 verres de thé en 5 heures, de quoi légèrement se lasser.
Fort heureusement, les photos étaient autorisées, et quand nous n'étions pas crispés et serrant les dents parce que s'asseoir à la japonaise ça défonce les jambes (on était pas obligés, mais faut la jouer "warrior" le plus possible, non ?), nous pouvions prendre des photos des différentes cérémonies. Vous pourrez admirer ça en galerie as usual.
Profitant d'un temps un peu plus clément en aprèm, nous sommes allés nous balader dans un temple à côté du Daibutsu - que nous avons quitté comme des stars, en costard, avec des sacs Godiva, et par la porte "Staff Only" - le Hase-dera. sa particularité ? Des centaines de statuettes d'une même divinité, partout, à pas savoir qu'en foutre. C'est assez impressionnant, notamment le passage dans une cave de 1m de plafond ^^ Et le panorama. Très beau panorama sur la baie de Kamakura. Et puis une fois encore, frime en costard, mioche qui nous prend en photo en loucedé etc.
A part ça ah oui, je viens d'obtenir la preuve définitive, enfin une preuve définitive de plus, que les japonais sont barrés en regardant un film merveilleux, "Koara Kachô", soit "Executive Koala" chez nous, l'histoire d'un koala salaryman un poil amnésique accusé d'avoir tué son ex-femme et sa femme actuelle (de rien). Un générique démentiel, une histoire complètement absurde, injustifiable et injustifiée, des deus ex machina dans tous les sens (saviez-vous qu'une des arcanes secrètes d'un art martial coréen était la résurrection ? Non ? Moi non plus.), et bien sûr un koala en peluche à tendance violente et aux yeux qui clignotent. Regardez le trailer et l'opening, et pleurez. J'attends avec impatience le "Calamari Wrestler" du même réalisateur.