lundi 8 décembre 2008

Let's recycling !

"Pura" ! Et non, ce n'est pas le cri d'un Pokémon.

Quoi ? Ça lui plaît pas, à l'angliche du troisième rang ? Bah ouais mais le nippon, ça parle comme ça, ça utilise à outrance les "let's" et te les fait suivre de noms, comme ça, sans ciller. Ouais ouais, un nippon met plus à mal la grammaire anglaise que n'importe quel Français n'oserait ou n'imaginerait le faire, même après 2000 ans d'inimitié. Petits, jaunes, et fourbes, on vous avait prévenus.

Donc. Sujet d'aujourd'hui, le recyclage, sujet éminemment rigolo en lui-même parce que ça sent la critique facile, mais pas si drôle que ça, en fait.

Pourquoi donc ? Bon, déjà, d'un point de vue sociologique, le nippon tend à la perfection. Tout ce qu'il fait, il le fait du mieux qu'il peut, même si ça doit lui prendre un temps infini, et qu'en torchant un peu certains trucs, il serait arrivé à 95% du même résultat en 5% du temps qu'il y a passé. Vous n'avez rien compris ? C'est normal, je cultive l'échec. En résumé : nippon y'en a être méticuleux. A cause de l'écriture en petits dessins, de vivre comme une fourmi, et d'aimer les chtites maquettes de trains.

Le recyclage, c'est donc expliqué dans un anglais qui assassine Shakespeare un peu plus à chaque phrase, et en plus, comme c'est bien fait, c'est odieusement compliqué.

Le résumé officiel qui n'est pas sans rappeler d'autres moments de solitude.

Par exemple, on sépare le plastique "dur" du plastique "mou". Bon, ça ça reste facile, y'en a qui sont estampillés du logo en tête d'article et qui se lit "pura", abbréviation de "purasuchikku", "plastic" donc, et pas les autres. Mais après ? Comment on peut deviner que ces grands malades vont vous faire jeter une bouteille en plastique dans une poubelle, et sa fidèle étiquette dans une seconde, avec son fidèle bouchon ? Pourtant, c'est tout en plastoc (qui n'est pas non plus un nom de pharaon obscur de la XVIIIème dynastie, celle qui passe sur la 2 tous les jours à 14h15). Bah oui, mais c'est pas les mêmes.

"C'est pas les mêmes", voilà qui résume bien tout le problème. Toi, pauvre gaijin, lâche l'affaire. Déjà que tu ne parles pas la langue, n'essaie pas de comprendre le pourquoi du comment de ce système ésotérique de tri des déchets, de même que tu n'essaies pas de comprendre pourquoi une fille va acheter deux débardeurs bleus rigoureusement identiques, ou deux paires de pompes, parce que, petit impertinent, c'est pas les mêmes.

Ta bouteille en verre, tu vas la jeter dans la poubelle à verre, logique. Mais vas-y, pète un miroir, disons. Bah NON ! Tu vas pas le mettre au même endroit, merde quoi, t'écoutes rien ou quoi ? Non, tu nous le mets dans du papier journal, avec plein de scotch, puis le tout dans un sac plastique transparent, sur lequel tu écris "verre brisé". Simple, et tellement naturel.

Bon, je critique, je critique, mais c'est quand même bien de faire un truc chiadé. J'émettrai deux objections cependant. Pourquoi aussi compliqué ? Parce que c'est gentil, mais au final on en revient au système européen plastique-verre-carton-le reste tellement on comprend rien. Et aussi, s'ils se posent tellement en apôtres du recyclage, pourquoi mais bon dieu pourquoi nous filer trois sacs plastiques pour l'achat de deux articles en magasin ?

Exemple : pas à la cafèt', parce que là ils sont un peu intelligents. Disons au 100yen shop. Vous achetez des oeufs et du produit vaisselle. Les oeufs, c'est fragile. Bam, un sac à part. Donc un autre sac pour le liquide vaisselle. Pourtant, vous avez deux mains, a priori libres, ça coûte rien de prendre ça comme ça, tranquille. Ou pour prendre un exemple encore plus concret, tout à l'heure j'ai acheté une bouteille d'huile de tournesol et une bouteille de bière, en verre (régime sain, je sais, ça va hein). Bah deux sacs plastiques, des fois que deux bouteilles dans le même ce soit pas assez solide. Et j'ai dû refuser qu'on me mette un machin en mousse protecteur autour de la bouteille de verre (sic).

Pareil, les baguettes en bois. Tout le monde utilise des "waribashi", les baguettes pourries en bois, jetables. Ca coûterait pas plus cher de mettre des baguettes plastique ou bois un peu plus classe dans les restos, et de les nettoyer, non ? Enfin bon, c'est pas très cohérent tout ça.

Chez nous : ordures ménagères, sacs plastiques de rab, poubelle "plastique mou", poubelle "canettes", poubelle "papier" et "carton", poubelle "bouteilles de verre", et poubelle "bouteilles plastiques". Faut pas avoir un poil dans la main...

Et je parle pas des poubelles dans la rue, qui sont encore organisées différemment, souvent suivant la règle un peu plus simple du "papiers", "plastiques", "canettes" mais rendue incompréhensible par le double étiquetage "déchets combustibles", "déchets non combustibles". D'où de grandes questions existentielles du style "ma canette est en aluminium, la mets-je dans la même poubelle que ma canette en fer de l'autre jour ?"...



Vrac de fin de post et aussi de dernière minute... Un film avec des pectoraux d'acier sur fond de tzatziki ! Un joggueur qui se laisse pas baver sur les rouleaux ! Une pub qui laisse de sérieux doutes sur la santé mentale des japonais ! Allez, au revoir, et à la semaine. Prochaine. Huhuhuhu.

3 commentaires:

Jibi a dit…

Encore des liens de psychopathe ! Mention spéciale pour l'avant dernier, dont je n'avais vu qu'une seconde dans un générique de nuit excentrique. Par contre, je vois mal comment un homme muni d'une afro, et par là même invulnérable, peut se faire démolir par un sosie de Bruce Baron en surpoids. Son accent ridicule doit annuler sa force capillaire.

Pour ce qui est de la dissonance recyclage pointu/utilisation de quantité démente de biens jetables, c'est à mon avis une situation analogue au "rebound effect", un des grands ennemis des managers en changement environnemental. C'est le même principe qui fait que bien que de temps à autres, une innovation technologique rende les moteurs de voiture moins gourmands, la consommation générale de carburant reste constante voire augmente. En effet, les conducteurs profitent du gain économique pour utiliser plus leur voiture. Comment veux tu gagner ?

El Desdichado a dit…

Pour le recyclage, t'as tout assez magnifiquement résumé. Je signale quand même que là poubelle où je jette les poubelles plastiques, y a marqué dessus "drinkable liquid only". Ce qui veut dire que même si la bouteille est faite dans LA MÊME MATIÈRE, si c'était du shampooing qu'il y avait dedans ça marche pas. Ah ouais quand même.

Mais bonne idée d'écrire là-dessus, ça m'avait marqué dès mon premier mois au Japon. Le paradoxe japonais, c'est pas du tout "entre tradition et modernité". C'est "comment est-il possible d'être écolo au point de faire un tri si compliqué, et en même temps baladez-vous à Shibuya la nuit pour voir ce qu'est du gaspillage d'énergie..." Et encore, je ne parle pas du fait qu'il ne connaisse que deux boutons pour régler leur clim' : "fournaise" et "frigo".

Ça a l'air bien, Hercule à New York. Il y a un petit quelque chose de Jacques Tati là-dedans. Ou pas.

El Desdichado a dit…

'Tain, je suis fatigué, moi. Y a au moins 3 ou 4 fois où j'ai utilisé un mot pour un autre dans le commentaire précédent.
Donc : remplacez "poubelles" par "bouteilles" et "il ne connaisse" par "ils ne connaissent", ça devrait être un peu plus compréhensible.