Commencons par une petite remarque d'ordre général. En allant dépenser une somme faramineuse pour acheter des DVD vierges ce matin, une idée d'intro m'est venue en tête. Je me suis dit que je commencerais par un petit phénomène culturel anecdotique, avant de lâcher le gros morceau de l'article.
Au Japon, il y a des petits parkings de 15-20 places tous les 200 m, mais
il n'y a pas de places de parking le long des routes. Routes qui évidemment permettent tout juste le passage de 2 voitures de front. Du coup, chose que je trouve éminemment drôle, le japonais moyen se gare totalement à l'arrache sur le bord de la route dès qu'il doit s'acheter son magazine cochon au convini le plus proche. Sauf que, comme déjà mentionné, les routes ne sont pas larges. Du coup, c'est toujours le bordel. Moi ça me fait bien marrer à chaque fois.
Presque la preuve par l'exemple : ici il y a vaguement un peu plus de place pour les "drag & drop" humains...A part ça, samedi, nous partîmes dans la fraîcheur de l'aube vers
Nikkô. BOM. Le gros morceau est lâché. Départ donc à 7h34 de la gare d'Hiyoshi pour une arrivée à Nikkô à 11h15. Ca fait une trotte. Il y avait en gros
tous les français, plus deux japonaises.
Nikkô est située grosso modo au nord de Tôkyô, à 140 km selon mon ami Wikipedia. La ville est située en altitude - 543 m au-dessus du niveau de la mer selon le panneau à la sortie de la gare. Le point rigolo étant que la gare doit être le point le plus bas de la ville. En effet, Nikkô possède
de nombreux temples, et pour y accéder, bah faut marcher. Une énorme montée de bien 25 minutes à pied. Mais Nikkô, ce n'est pas que des temples.
Non, Nikkô, c'est aussi des gens qui trippent tout seuls. "Viendez !"A cause de son climat plutôt frais, plus proche d'Hokkaidô que de Tôkyô, la ville sert aussi parfois de
station de ski, visiblement, et est aussi dotée d'un
énorme parc national. Qu'on n'a pas visité, mais c'est pas trop grave. Sinon vous auriez vraiment succombé sous le poids des mots et le choc des photos. Ses nombreuses sources d'eau lui valent d'être connue pour ses
onsen (sources thermales) et ses
soba - des pâtes, en gros, mais plus l'eau utilisée est de qualité, plus les
soba sont bonnes, donc celles de Nikkô sont vraiment excellentes paraît-il (bah ouais, moi j'y connais que dalle).
Enfin tout ça pour dire que malgré les paysages à tomber par terre, j'ai passé la journée à me dire que j'étais aux sports d'hiver. Un truc dans l'air je sais pas. Bref, ça rend euphorique. Sûrement trop d'oxygène.
Les arbres aux feuilles rouges. "G."Oui, mais pourquoi hier ? En premier lieu, c'est le moment où les arbres commencent à prendre leurs habits d'automne et se parent d'un
feuillage rouge flamboyant magnifique, et aussi parce que c'était le "Bunka no hi", le
"jour de la culture", donc jour férié. Du coup, on était pas tout seul à venir se cultiver.
Nous nous sommes donc contentés de visiter le
complexe de temples du Tôshôgû. Ce qui fait quand même facile 5 temples, et je préfère ne pas penser à la superficie que ça couvre. Parce qu'un temple, au Japon, ce n'est pas une petite cahute avec 3 dorures, non. C'est plutôt le bâtiment principal, en 2 ou 3 parties, les bâtiments secondaires, éventuellement les jardins / la pagode / les dépendances / les sources, etc. Donc quand je dis un temple, c'est minimum 4 bâtiments. Donc tout de suite, vous comprenez sûrement mieux pourquoi il faut une journée pour voir 5 temples. En plus on "perd" du temps à assister à des
rituels bouddhiques en japonais ancien totalement incompréhensibles. Qui en jettent, certes, mais incompréhensibles quand même. Et en plus on peut même pas manger de pop-corn pendant le spectacle.
Le Shinkyô bridge, en version carte postale. J'en suis fier, malgré le léger contrejour.Les choses dans l'ordre : en haut de la grande montée partant de la gare et arrivant au complexe, on trouve un pont, le
Shinkyô bridge. C'est un pont en bois, plus ou moins d'époque puisqu'il était en restauration il y a deux ans, et qui passe 10 m au-dessus de la rivière Daiya. Juste classe, et en plus on a pu assister à une cérémonie de mariage (=
"kekkon shiki") sur ce pont. A contrejour, mais très beau.
Ensuite, on s'est promenés dans la montagne, pour profiter de la vue, avant d'arriver au premier temple, le
Rinnoji. Il était en rénovation, donc je vous renvoie à la
photo Wikipedia. Le temple possède plusieurs statues de Bouddha et symbolisant les 12 signes astrologiques chinois assez impressionnantes (et assez poussiéreuses aussi, ne pus-je m'empêcher de remarquer, comme quoi je ne respecte vraiment rien). Grand, beau, assez sobre dans sa déco, bien.
Le jardin du Rinnoji. Encore et toujours à tomber par terre.En face, le jardin. Comme me l'a expliqué Cyrille, qui lui aussi parle japonais couramment, des gugusses voulaient boire le thé ici, dans un endroit sympa, alors ils ont aménagé un lac et un jardin tout autour de leur pitite cahute. Et après on parle d'urbanisation anarchique et galopante. Enfin en tout cas, c'est honteusement beau.
Je crois qu'on peut dire en toute sobriété que ça claque.Si je ne me plante pas, après, nous sommes allés au
Tôshôgû (le temple). Fondé en 1617 par les premiers shogun de la
dynastie Tokugawa (1600 à 1850, à la louche). Plusieurs particularités : grand, très décoré, avec une pagode, et quelques statues célèbres. A votre gauche, les
trois singes "Mizaru, Kikazaru, Iwazaru" littéralement "See no evil, Hear no evil, Speak no evil". Vous les connaissez tous, je suppose, mais pourquoi des singes ? Bah parce que y'a un rigolo qui a remarqué il y a quelques siècles que "singe", en japonais, ça se disait
"saru". Hé oui, le japonais moyen peut aussi faire des blagues pourries. Moi je l'aime, ce mec. Tu sors une blague pourrie et 70% de la planète s'en souvient 300 ans après, c'est quand même un truc à mettre sur son CV.
"Kikazaru", "Iwazaru", "Mizaru", les trois singes à l'entrée du Tôshôgû.A ma droite, le
"Nemuri neko", le "chat endormi". Bon, elle a beau être jolie, ça reste une sculpture. Pourquoi est-elle connue alors ? Probablement parce qu'on a coupé la main de l'artiste qui l'a réalisée, parce qu'on la trouvait
effrayante de réalisme. Je vous rassure, il y a un happy end, l'artiste en question a pu continuer a exercer son métier honorablement (forcément "honorablement", c'est un jap ^^), de l'autre main, il a juste gagné le sobriquet de
"Hidari Jingorô", "Jingorô le gaucher". J'espère pour lui qu'il essayait quand même de faire moins réaliste, par précaution.
Le "Nemuri neko".Mais il y a aussi
le tombeau du premier shogun, Tokugawa Ieyasu. Une grosse urne. Rien à signaler. C'est juste classe. On peut sinon admirer la relique du temple, un miroir, dans une salle rigolote parce que 1) il y a un dragon de 16m au plafond, et 2) quand on frappe des bouts de bois dans la salle, on a l'impression que
le son provient de la bouche du dragon. Extrèmement impressionnant, d'autant plus que la pièce a à mon avis une accoustique déplorable. Y'avait ptêt d'autres trucs drôles, mais j'ai rien compris à ce que baragouinait le prêtre.
Enfin, petite visite du
Nikkô Futarasan, fondé en 767 (nan, il ne manque pas de "1" au début). Pas très grand, mais (info spéciale Clan) on peut y admirer une
épée de 2m50... bah ç'a pas l'air léger léger, et ç'a pas non plus l'air gentil gentil...
Toujours de la photo "carte postale". D'ailleurs c'est super chaud d'en trouver, à Tôkyô, des cartes postales.Et pour finir, un dernier temple, dont je ne connais pas le nom, enfin je l'ai en kanji, mais mon dico ne veut pas, donc j'ai aucune idée de comment ça se lit. Rigolo non ? Enfin bref, je me souvenais bien de celui-là, il est toujours aussi classe. En gros, c'est que des marches, donc tu montes super haut pour ensuite accéder à un temple tout petit mais très élégant. Et bon, ça permet de voir plein de forêt avec plein d'arbres immenses. Que du bonheur. J'aime la forêt. Grand, beau, calme. Tout moi quoi. Je m'aime.
"Du jardin du Ciel on peut contempler le jardin des hommes"Bon, pour finir, on est allés manger, parce que 2 tartines de pain avec du chocolat à 6h30 c'est bien, mais sur les coups de 16h, on commence à trouver que c'est très très léger. Et ensuite, boutique de souvenirs (
"omiyage") pour ramener des trucs au labo - c'est la coutume : tu pars en voyage quelque part, tu ramènes un petit truc. Et après, retour pépère par le train de 18h55, complètement détruits mais heureux. Je pense d'ailleurs qu'on a tous dormi dans le train. Et gros MacDo en arrivant à Hiyoshi sur les coups de 22h, parce que faim et que pas cher.
Pis du coup, on va un peu se calmer sur les dépenses, là, parce que mine de rien c'est pas non plus donné, le ptit voyage. Même si ça valait totalement le coup,
pas de regrets sur ce coup-là. A bientôt pour de nouvelles aventures (forcément moins) passionnantes.