Vous allez me dire que je ne regarde que des films pourris. Pas faux. J'en regarde plein. Je ne vais pas dire que je vais vous présenter mon nouvel ami Robert Taï, ça aurait un air de déjà-vu. Non, rien de tout ça. Je vais vous parler d'un film qui, au niveau des nanars de ninja, réalise le Grand Chelem. Il réalise toute les figures imposées pour obtenir un nanar de qualité. Je tiens néanmoins à préciser avant toute chose que le film se tient presque, du moins au niveau des combats, qui sont très honorables. Ca c'est le bon point du film. Enfin, quand on juge un film de façon normale. Abordons le point de vue nanar.
Robert Taï est un bon chorégraphe de combat. Alors pourquoi se prendre la tête avec un scénario ? A la place, tu mets de la tatane et le spectateur ne se rend (presque) pas compte qu'il n'y a pas de scénario. D'où l'image ci-dessus, qui résume tout : en gros, un ninja se met en tête de tuer le grand prêtre du temple Shaolin. Il rate son attentat et se fait hara-kiri (voir l'image). Alors là, y'a tous ses potes ninja du Japon qui, à cause des problèmes de communication de l'époque, vont se dire que c'est une traîtrise et qu'il a été lâchement assassiné, et que par voie de conséquence il faut aller buter tous les Shaolin. Et au milieu de tout ce vide, on a un héros (le charisme était en option) et son fidèle sidekick comique (son "faire-valoir", comme en dit chez nous, au charisme tout aussi optionnel) qui sont envoyés là-bas pour on ne sait quelle raison. Forcément, le héros va tomber sur les méchants ninja et tout ce beau monde va se taper. Vous voyez, ça reste compréhensible...
A noter qu'il semblerait que le héros soit allé chercher un gros bouquin à Shaolin, soit les préceptes du bouddhisme, soit le manuel "Les arts martiaux shaolin pour les nuls", les avis étant divisés entre Romain, JB et moi. En même temps on s'en fout, c'est pas comme si le scénar était important.

Bon, alors, ingrédient #1 - les techniques ninja nanar.
Alors là, ça envoie du gros. Les 10 premières minutes de film nous montrent Shang Chen, le grand méchant qui passe tout le film en short et à éclater de rire comme seul un grand méchant sait le faire. Et comme on a affaire à des ninja, on va vendre son produit ! Voici venus les Ninja Eleme(n)ts !


Bon, je vous en passe quelques unes, comme le "Ninja Light Skill", le "Ninja Heaven Death Wish Blade", la "Rock Climbing Formation" et la "Hell Under Earth Manoeuvre". Bref, voilà un film qui s'offre un démarrage plein tubes dans le n'importe quoi, ce qui va bien évidemment se confirmer tout de suite après.
En effet, notre héros passe un test censé prouver qu'il est digne d'aller à Shaolin pour taper la discute (ça va pas être facile Ahahha) et ramener le gros bouquin, là. Donc, qui dit épreuve, dit nécessairement tatane, et donc on lui fait combattre...

...des ninja nazis ! Le monde est petit, c'est fou quand même...
Notre héros réussit donc ce test, de la façon la plus minable qui soit, à savoir en se faisant latter la tronche, puis en marchant sur les têtes de ses adversaires, et là on lui dit qu'il a réussi. Moi j'ai renoncé à comprendre. Notre sidekick, fou de joie, applaudit avec ses pieds. Météo télespectateur prévoit un soleil radieux pour la prochaine heure et demie.
Bon, alors ensuite y'a les ninja qui attaquent les Shaolin de nuit, parce que ce sont des fourbes après tout, mais comme on ne distingue rien à l'écran, ça dure pas trop longtemps et dorénavant on n'attaquera plus que de jour, parce qu'on est des hommes, des vrais. Enfin, des enturbannés quoi. L'embryon qui sert de scénar se permet même des ellipses, et nous retrouvons subséquemment nos héros en train de méditer devant l'entrée du temple de Shaolin, fermé à cause de l'attaque ninja (ce que nos héros ne savent pas et qui va déclencher au moins 4 bastons dans le quart d'heure suivant). Il y a aussi des moines en robes safran qui font la danse de la pluie devant les portes. Pour le fun. C'est l'ingrédient #2 - le quota export.

Bref, les gens se tapent, et au milieu de leur baston arrivent des ninja et deux "villageois", un homme et une femme. Ce qu'il advient de l'homme nul ne le sait et le réalisateur s'en fout, il n'a pas de poitrine, ça ne fait pas vendre. La femme tombe dans les vapes, les ninja se barrent, les sidekick commencent à faire des blagues vaseuses, et après cinq minutes où le héros emmène la donzelle chez lui pour la soigner, il y a une attaque ninja. Mais forcément, là, on place l'ingrédient #3 - les plans nichons. Ou en l'occurence, carrément une scène de cinq minutes avec la fille qui se bat nue contre les ninja.

Donc. Passée cette baston, et en oubliant délibérément quelques rebondissements et autres combats insensés pour ne pas trop traîner, la fille se fait attaquer dans la forêt et décapiter. Shang Chen rit. Beaucoup d'ailleurs. Ce comique de répétition est l'ingrédient #4 - le méchant charismatique. En short. On y reviendra.
C'est un ninja noir, en provenance de Harlem, qui découvre le corps. Il a trop la classe, un accent pas possible à mourir de rire, et en plus il fait des rimes. En effet, trouvant le corps décapité, il le brûle. Plus ou moins logique pour un bouddhiste. Mais le héros arrive et lui dit qu'il l'a assassinée. D'où tatane. Et, en plein milieu, le "Black son of a bitch" (et oui !) lui sort ceci :
Bon, des ninja arrivent, ça se tape, et on passe par magie à la scène suivante. Le moine noir est sur la plage, se fait prendre au piège de la, je vous le donne en mille, "Hell under Earth Manoeuvre".
Donc notre moine noir va tous les tuer, parce qu'il n'est pas une mauviette, avant de succomber sous les coups du grand méchant lui-même, parce qu'il n'est pas le héros. Shang Chen, fou de joie, fait des grands rires de méchant tout en se téléportant un peu partout dans le décor. Le spectateur aussi est mort de rire, comme quoi le comique de répétition peut, utilisé à bon escient, porter ses fruits. Pour la suite du scénar, basiquement, il ne reste que la confrontation finale. Pour bien annihiler l'ennemi surpuissant, tu prends 9 "héros", tu les divises en 3 équipes de 3, parce qu'un héros c'est juste un bourrin, pas un stratège, et tu les fais se confronter aux 3 "Elemet" pas encore exploités : le "Ninja Light Skill", le "Okinawan Thunder Fist" et le meilleur pour la fin, la "Water Spider Assault Unit".
Ce qui nous donne pêle-mêle des morts héroïques bien expédiées des seconds rôles et des figurants, des ingrédients #5 - les mannequins en mousse, des sidekick en veux-tu en voilà, des combats incompréhensibles, et un duel final merveilleux.
Suite à ça, une simple scène avec le corps du héros rapatrié chez son maître, et le sidekick qui brandit le gros bouquin. 40 sec chrono, et c'est fini. Voilà l'ingrédient final, le #8 - la fin torchée.
Un excellent nanar donc, qui carbure à fond la caisse de bout en bout, enchaînant les combats sous des prétextes ridicules quand on en donne, les scènes hallucinantes de n'importe quoi, les personnages jetables (Qui a dit "La fille" ?), les acteurs qui ne savent pas jouer, ce qui ne les empêche pas d'en faire des caisses, bref, tout est bon dans le cochon peut-être, mais c'est surtout vrai pour ce film. Pas une seconde d'ennui. Pour une fois, la météo ne s'était pas trompée. Le spectateur est heureux, et moi j'ai fait un post super long, mais je me suis lâché sur les images, qui sont cette fois toutes de moi.
3 commentaires:
Woé ! Ces caps sont magnifiques !
Tu es moins prolixe sur ta soirée au Rocky Horror Picture Show... Serait-ce à cause d'un commentaire désobligeant d'un fille aux cheveux rouges?
Nan, c'est de la flemme...
Je comptais faire un post disant : "Jérémy a pondu un bel article, allez voir là."
Mais comme on dit en école : "C'est long, c'est long, c'est long..."
Je pense écrire un truc, du coup, mais j'ai pas les photos, et j'attendrai ptêt la prochaine soirée, pour être pleinement re-sous le choc.
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